Les automnes de pierre
J’ai senti les raisins mûrir parmi les ombres,
Et j’ai goûté le vent qui chantait ton prénom.
Parmi ces vieux sentiers pavés d’adieux sans nombre,
Et parmi ces coteaux bordés de cabanons,
Je me suis égaré jusqu’à trouver ton rêve.
Au-delà des saisons, portant ton gonfanon
Comme l’écume porte un noyer sur la grève,
J’ai erré, envoûté, et mon cœur, tympanon
Rythmé par le ressac de tes présences brèves,
N’a jamais combattu que pour servir ta voix.
Parmi les raisins mûrs, d’ombres entrelacés,
J’ai savouré ton nom ourlé par le noroît.
Loin des étés si chauds et des hivers glacés,
J’ai soulevé ton ciel, cette invisible croix
Brûlant mes souvenirs au sarment des promesses.
Les chemins sinuaient, mais mon amour fut droit,
Et je n’ai jamais su offrir d’autre caresse
Qu’à ton fantôme qui, dans l’étuve ou le froid,
Me racontait pourquoi, ma noble poétesse,
Ton absence devait parachever ma mort.