Les légumes et moi

Publié le par @rbre

Qu’on se le dise et qu’on le sache : J’aime infiniment les légumes.

Malgré tout (ce qui est l’équivalent d’un mais) je souffre les légumineuses de la façon la plus naturelle qui soit, sans artéfact ou abstraction due à je ne sais quelle cuisson manifeste.

Certainement, il est des légumes méritant d’être cuits, mais je n’associe qu’avec difficulté la qualité de la chaleur avec les vertus des gousses à semences.

A mon humble sens, et selon ces goûts qui n’appartiennent qu’à moi-même, un bon légume est un légume qui se veut le moins travaillé possible. Que l’on ne se méprenne pas ; jamais l’on ne me fera déguster une salade qui ne soit pas lavée, ou encore des fanes de radis crues… jamais, si ce n’est sous une quelconque forme de menace.

Par contre, j’apprécie que l’empreinte de l’homme soit la moins prégnante possible pour ce qui a trait à l’aspect culinaire de ce que nous évoquons ici. Je trouve que la portion alimentaire et consommable des plantes potagères se doit d’être aussi peu façonnée que nécessaire. Lavons, puisqu’il faut laver et débarrasser du terreau; équeutons, puisqu’il faut retirer ces extrémités incomestibles ; pelons, lorsque la peau n’apporte rien à la sapidité, bien au contraire… mais ne faisons pas revenir dans une casserole d'huile; n’ébouillantons pas ; n’enfournons pas ; préservons, que diantre, la crudité, et que la crudité soit le fer de lance de notre légumineuse alimentation.

Je refuse l’idée d’avoir dans mon assiette une tomate qui a été torturée par je ne sais quelle fantaisie minestronienne ; je chavire en songeant que certains cuistanciers aient eu l’audace de faire poêler des carottes ; la syncope me gagne en ouïssant qu’un marmiton baroque s’est mis en tête de soumettre des courgettes aux affres de la vapeur.

S’il faut manger des légumes tourmentés par la main scélérate d’un fricasseur, si, de mon vivant, mon assiettée se devait d’être l’objet d’une expérimentation contre-nature en constatant qu’un châtiment a été infligé à ces précieux rejetons de la terre, que personne ne me contraigne à acquiescer et, plus encore, que nul n’ose demander quelle satisfaction j’éprouve à l’ingurgitation de l’infamie.

J’aimerais croire que les temps viendront lors desquels nous pourrons tous savourer, le plus simplement du monde, tout ce qui croit de l’humus soutenant nos enveloppes éthérées. Je prie chaque jour pour que les légumes puissent s’inscrire dans des repas où leur crudité aura la dominance. Et je m’insurge contre toute forme de vilenie gustative marquant du sceau de l’horreur le légume subissant le joug du feu.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article